Docteur en philosophie, agrégé de philosophie, Matthieu Haumesser enseigne en classes préparatoires et à Sciences-Po Paris. Outre des travaux sur la philosophie moderne, il a publié Philosophie du théâtre (coll. ‘Textes-clés’, Vrin) en 2008 : un recueil de textes clés portant sur l’étonnement, la méfiance des philosophes à l’égard de cet art de toutes les apparences. C’est le pouvoir subversif du théâtre qui est ici questionné, de même que l’hypothèse d’une « vérité théâtrale », au-delà ou en deçà de l’illusion, à l’aide des textes de : Adolphe Appia (trois articles : « Comment réformer notre mise en scène? », « La Gymnastique rythmique et le théâtre », « L’avenir du drame et de la mise en scène »), Aristote (La Poétique), Antonin Artaud (Le Théâtre et son double), l’Abbé d’Aubignac (La Pratique du théâtre), Bertolt Brecht (Petit Organon pour le théâtre), Roger Caillois (Les Jeux et les hommes), Pierre Corneille (Discours sur le poème dramatique), E.Gordon Craig (De l’Art du théâtre), Denis Diderot (Paradoxe sur le comédie), G.W.F. Hegel (Esthétique), F. Nietzsche (La Naissance de la tragédie, Le Gai savoir) et Platon (La République).
Matthieu Haumesser a publié différents articles sur le théâtre : « Entre conventions et transgressions : le rire dans le théâtre de Feydeau » (Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, novembre 2010), « Théâtre et idéal : les lectures philosophiques du metteur en scène Edward Gordon Craig », (Revue de la Bibliothèque nationale de France, n°30, octobre 2008). Il participe régulièrement aux conférences-débats organisés par la Comédie-Française autour de son thème de saison. Il prépare actuellement un essai consacré à la signification philosophique de la métaphore du « théâtre du monde ».
Il est également comédien dans la troupe le Tiers-Théâtre (dernier spectacle créé en 2012 : Les joueurs de Gogol).
Lors de la séance du samedi 19 octobre, Matthieu Haumesser évoquera « Les sacrifices de la scène: réflexions sur le statut de l’oeuvre théâtrale et la jouissance du spectateur, à partir de la Poétique d’Aristote ».
Le point de départ de l’exposé sera la question classique (et récemment réactivée par Florence Dupont) de la place qu’Aristote accorde au spectacle théâtral dans la Poétique – en le sacrifiant apparemment au profit du texte, et donc d’une compréhension littéraire du théâtre. Il s’agira de donner une interprétation plus positive du statut insituable qu’Aristote donne ainsi au spectacle et à la mise en scène, notamment en les rapprochant de ses thèses sur le plaisir. A partir de là, il s’agira d’élaborer une réflexion plus générale sur la nature sacrificielle du langage théâtral, notamment quant au rapport entre le texte et sa mise en scène, en prenant notamment comme exemple – en lien étroit avec les analyses précédentes sur Aristote – des pièces de Beckett (entre autres: Pas moi, ou Oh les beaux jours).