La deuxième résidence « Philosophie et marionnettes » du Labo LAPS a eu lieu du 9 au 13 février 2015, à l’Institut International de la marionnette de Charleville-Mézières. Après deux réunions préparatoires qui ont réuni les membres de la résidence à la Maison de la recherche de l’Université Paris-Sorbonne au mois de janvier 2015, il a été décidé que la résidence s’articulerait autour de cinq axes d’étude principaux :
- axe 1 : verticalité, automatismes, Kleist
- axe 2 : comique, rire, grotesque
- axe 3 : utopies et politique
- axe 4 : éco-marionnette, mutations, transformations
- axe 5 : marionnette et muséographie.
Les journées sont organisées en trois temps : la matinée est consacrée à un temps de lecture de textes. Le début de l’après-midi à des exposés des participants. La fin de l’après-midi, à des temps de discussion. Raphaèle Fleury, directrice du Pôle recherche de l’Institut, est venue assister aux discussions et a exposé des axes de recherche pouvant croiser ceux des membres du Labo LAPS. Un temps d’échanges avec les étudiants de l’Institut a eu lieu le mercredi soir.
Jour 1 : Verticalité, automatismes Kleist.
Noémie Lorentz, Anaëlle Impe pilotent cette première journée. La bibliographie de travail suggérée est celle-ci :
- Beaune Jean-Claude, L’automate et ses mobiles. Chapitre 1er: Le Labyrinthe de l’automate, Paris, Flammarion, 1980.
- Philosophie des milieux techniques. La matière, l’instrument, l’automate, Seyssel, éd. Champ Vallon, 2007.
- Binswanger Ludwig, « Du sens anthropologique de la présomption », in Introduction à l’analyse existentielle, trad. J. Verdeaux et R. Khun, Paris, Éditions de Minuit, 1971, coll. « Arguments », n°50, pp. 237-245.
- Dumont Augustin, « Le double et l’effroi, ou ce mot que l’on ne saurait dire. La performance tragique des corps et du langage chez Heinrich von Kleist », Klesis. Revue Philosophique, 28/2013, Imagination et performativité, pp. 144-190.
- Halary Charles, « L’automate utopique », Quaderni, n° 5, Automne 1988, Phantasmachines, p. 87-99.
- « Robots étrangement humains », Gradhiva, revue d’Anthroplogie et d’histoire des arts, n° 15, 2012.
Notes de synthèse :
Figures de l’automate, par Noémie Lorentz.
Le spectre de l’automate semble planer sur la nouvelle de Kleist Sur le théâtre de marionnette – texte canonique (s’il en est) pour une pensée philosophique de la marionnette. L’auteur propose en effet de remplacer le marionnettiste/machiniste, ce « dernier reste d’esprit » du pantin, par un système de manivelles. Qu’il soit spirituel (son âme est « vis motrix ») ou bêtement mécanique, le pantin à manivelles kleistien encourage une conceptualisation rigoureuse de la notion « d’automate », objet de fascination qui a peut-être quelque chose à nous apprendre sur la marionnette. L’ouvrage de Jean-Claude Beaune L’automate et ses mobiles ouvre des pistes pour penser l’ambiguïté de cette figure (homme/machine, vivant/non vivant, organisme/mécanisme, empirisme/schématisme), figure qui contient en germe au moins deux directions : celle d’une réduction de l’homme et du vivant à la machine ou, au contraire, celle d’un don au monde technique d’un « supplément d’âme ». Pour Beaune, l’automate est aussi « machine philosophique », qui, toujours, « donne à penser », dans un élan métaphorique irrépressible : même incarné dans un objet technique singulier, il renvoie toujours au-delà de lui – à un fantasme peut-être. S’il n’est pas (encore) très courant sur les scènes, l’automate semble bien être un outil conceptuel fécond pour penser les autres membres de la famille des simulacres réels et des « vivants-machines ».
Kleist : Chute et verticalité, par Anaëlle Impe.
Un autre fil que nous avons tiré de la lecture du texte de Kleist consacré à la marionnette est celui de la chute (ou de la non-chute), aussi bien littérale que figurée. Il semble que dans l’œuvre du romantique allemand, la marionnette apparaisse comme une figure d’exception. Alors que tous les personnages kleistiens sont victimes de chutes de toutes sortes (ils tombent, s’effondrent sur le sol de façon improbable et incompréhensible), la marionnette, elle, « effleure » le sol et s’y élève.
Si Kleist fut reconnu, avec le temps, comme l’un des plus importants écrivains romantiques et si son texte Sur le théâtre de marionnettes a connu la résonnance qu’on lui connaît début XXe siècle, c’est qu’au-delà de l’alternative « marionnettique » qu’il opposât à l’acteur, Kleist a écrit « quelque chose capable d’activer, d’une manière ou d’une autre, la compréhension de l’être-homme » (Dumont, 2013 : 153). En effet, la marionnette, chez Kleist, est cet être non soumis à la gravité, qui s’élève dans les hauteurs plutôt que de chuter. Or, les travaux du psychiatre et phénoménologue Ludwig Binswanger permettent de penser anthropologiquement ce statut d’exception que Kleist confère à la marionnette. Car la prévalence du vertical au détriment de l’horizontal est, non seulement celle du danseur qui, d’après un certain Monsieur C…, pourrait perfectionner son art à l’école de la marionnette, mais aussi celle de cette donnée anthropologique, la « présomption » (verstiegenheit), définie par Binswanger, comme la possibilité laissée à l’homme de « s’égarer en montant ». Aussi, en suivant cette voie, nous sommes amenés à penser le recours à la marionnette sur la scène contemporaine comme une des possibilités pour l’homme qui toujours tente de « monter plus haut que ce qui correspond à son étendue » (Binswanger, 1971 : 239) d’interroger les limites dans lesquelles s’inscrit son humanité — sa plus grande limite étant sa finitude.
Jour 2 : Comique, rire, grotesque.
Le deuxième jour est piloté par Noémie Lorentz et Anaëlle Impe. Voilà la bibliographie suggérée afin de préparer la discussion :
- Astruc , Le renouveau du grotesque dans le roman du XXe siècle. Essai d’anthropologie littéraire, Paris, Editions Classiques Garnier, 2010, 279 pp.
- Bakhtine , L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen-âge et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970.
- Bergson, Le rire : essai sur la signification du comique, Paris, PUF, 1988, coll. « Quadrige », n°11, 157 pp.
- Kayser W, The Grotesque in Art and Literature, trad. Ulrich Weisstein, New York, McGraw-Hill, 1966, 224 pp.
- Le Berre et Gabaude Fl, « Espace, grotesque, scénographies », in Le Berre A., Gabaude Fl. et Wellnitz Ph. dir., Grotesque et spatialité dans les arts du spectacle et de l’image en Europe (XVIe et XXIe siècles), Bern, Peter Lang, 2012, coll. « Contats. Série 1- Theatrica », n°27, pp. 3-27.
- Teinturier F, « Le grotesque dans le théâtre d’Heinrich Mann : phénomène marginal ou stratégie esthétique ? », in Le Berre A., Gabaude Fl. et Wellnitz Ph. (dir.), Grotesque et spatialité dans les arts du spectacle et de l’image en Europe (XVIe et XXIe siècles), Bern, Peter Lang, 2012, coll. « Contats. Série 1- Theatrica », n°27, pp. 175-188.
Notes de synthèse :
Le rire, Bergson et la marionnette, par Noémie Lorentz.
De quoi rit-on aux spectacles de marionnettes ? Y a-t-il un/des rire(s) spécifique(s) provoqué(s) par les marionnettes ? La deuxième journée de notre résidence était partiellement consacrée à la question du comique et des rires générés par les marionnettes sur les scènes contemporaines. A travers des études de cas et avec l’appui de grands textes philosophiques sur la question, nous avons tenté d’éclairer certaines espèces de rires – souvent ambiguës, mêlées voire paradoxales – et de mettre ainsi en lumière la difficile question du spectateur et de la réception. Rire gloussant du bas-ventre devant les folâtries de Kasperl (Grete L. et son K., de Claus, Knecht et Grossmann), rire corporel de jubilation devant les bastonnades de Polichinelle, rire de détente devant les nano-jongleries (presque) ordinaires de la Cie Sasékripa (Vu), rire jaune/grinçant (grotesque ?) devant l’humour noir de Neville Tranter : le rire au théâtre de marionnette est bien pluriel, multiple, complexe. Une analyse du canonique Rire d’Henri Bergson, injustement résumé par la formule « le rire, c’est du mécanique plaqué sur le vivant », a ouvert une piste de réflexion en ce qu’il permet notamment de suggérer une double alternative (non exclusive) pour la marionnette : ce qui provoquerait le rire, ce serait spécifiquement son caractère mécanique (une raideur ; par opposition/contraste avec la fluidité du vivant), ou, au contraire, le surgissement même du vivant dans le mécanique (inattendu de l’animation).
La marionnette et le Grotesque, par Anaëlle Impe.
Le grotesque « est ce moment où le rire s’étouffe et menace de disparaître ou de se muer en rictus nerveux ; il est une marge, une frontière nécessairement fragile et mouvante » (Teinturier, 2012 : 175).
Nous avons également travaillé, au cours de notre deuxième journée de résidence, la notion de « grotesque » (telle que théorisée notamment par Wolfgang Kayser et Mikhaïl Bakhtine), car elle nous a semblé pertinente et féconde pour l’étude de la scène marionnettique contemporaine — pour trois raisons au moins. D’abord, parce que le grotesque a une origine picturale. C’est donc avant tout « une catégorie visuelle et spatiale qui, transférée dans le champ littéraire, [a conservé] l’iconicité de ses origines » (Le Berre et Gabaude, 2012, p. 3) — ainsi, la scène marionnettiques, aux confins des arts de la scène et des arts plastiques, déploie-t-elle un espace privilégiée pour le grotesque. Ensuite, le grotesque est une notion qui se caractérise par une mobilité intrinsèque, une subversion, qui permettent de penser un art aussi protéiforme que l’est l’art marionnettique sans pour autant l’enfermer dans une catégorisation rigide et stérile. Enfin, le grotesque n’est pas qu’une notion esthétique, mais bien philosophique, car le grotesque donne à penser différemment : il conduit « à dévoiler aux regards un “autre monde”, souvent peu enviable, qui est notre monde vu autrement » (Astruc, 2010 : 22). Le grotesque constitue une procédure de subversion et de production de connaissances, notamment anthropologiques par le « décentrement » du regard qu’il opère. Aussi, travailler la marionnette par le biais du grotesque permet de penser ce médium théâtral dans toute sa puissance subversive et politique — utopique, au sens de Foucault.
Jour 3 : Utopies et politique
La matinée est pilotée par Hélène Beauchamp qui présente sa lecture de l’ouvrage de Bernhild Boie, L’Homme et ses simulacres. Essai sur le romantisme allemand, Paris, José Corti, 1979.
La marionnette chez Bernhild Boie, par Hélène Beauchamp
Il s’agissait de présenter un ouvrage théorique déjà ancien mais fondamental sur la pensée de la marionnette, qui permettait en particulier, lors de cette résidence du LAPS, de mobiliser un corpus de textes qui n’avait pas encore été abordé dans le cadre de nos travaux communs. En effet, le « romantisme allemand » étudié par Bernhild Boie abonde en textes narratifs, poétiques, dramatiques ou essais à forte teneur philosophique qui convoquent la marionnette et certains de ses proches avatars comme l’automate. Même si la notion de « simulacre » est très large par rapport aux questions envisagées par le LAPS, on découvre en parcourant ce corpus que l’image de la marionnette a été un des moyens privilégiés par des auteurs comme Jean-Paul, Tieck, Kleist bien sûr, Hoffmann, Büchner, Archim von Arnim etc., pour penser à la fois la vie politique et sociale, le langage et l’art, trois pôles qui constituent l’architecture du livre de Boie. Il y a là une mine de textes qui pourront faire l’objet de prochains travaux, comme par exemple Les Veilles, de l’anonyme dit Bonaventura, chronique fantasmatique d’un ancien marionnettiste-poète dans laquelle la marionnette est l’image structurante des relations entre la vie, l’art et la pensée. Parmi les questions que soulève ce corpus romantique, la relation de la marionnette avec la pensée du langage et celle de l’art apparaissent comme de nouvelles thématiques d’investigation pour des travaux futurs du LAPS en relation avec la marionnette.
L’après-midi est pilotée par Flore Garcin-Marrou qui présente sa lecture du Manifeste cyborg de Donna Haraway et propose quelques pistes de réflexion autour de l’articulation « Marionnette et Design », deux disciplines qui partagent une relation à l’objet spécifique. La bibliographie proposée est la suivante :
- Antonioli Manola, Design et écosophie. Pour un design de la singularité, revue Multitudes, 2013/2, n° 53.
- Baudrillard Jean, Le Système des objets, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1968.
- Ebel Emannuelle, « De l’Objet industriel à l’objet marionnettique », Art, culture et industrie, Université Marc Bloch de Strasbourg, Journées de l’action culturelle, février 2007.
- Garcin-Marrou Flore, « Penser l’objet », conférence en Design, Strate Ecole de design, automne 2014. (inédit)
- Haraway Donna , Manifeste cyborg et autres essais. Sciences, fictions, féminismes. Paris, Exils, 2007, 333 p.
- Lorentz Noémie, « Corps mécanique et pensée-mouvement : les marionnettes animales de la Handspring Puppet Company ». (inédit)
- Simondon Gilbert, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, coll. Philosophie, [1958], 2012.
Le corps du cyborg : une lecture de Donna Haraway, par Flore Garcin-Marrou
Pour la philosophe, la figure du cyborg n’est pas de la science-fiction, n’appartient à un monde futur. Nous devons donc porter davantage notre attention sur ces créatures hybrides et chimériques qui vivent déjà parmi nous. Le cyborg a d’abord la qualité de dépasser l’opposition entre le corps et la machine. Cet organisme cybernétique est hybride de machine et de vivant et renverse ainsi les traditions dualistes, essentialistes et sclérosantes : le cyborg appelle à dépasser les frontières et à former de nouveaux agencements existentiels. Il remet en cause l’idée même de nature, invitant à s’émanciper d’une vision du monde héritée du christianisme basée sur la coupure ontologique de la chute. Peu importe désormais si les êtres sont des êtres de nature ou pas. Or cette proposition est politique : le corps du cyborg est une brèche qui permet d’expérimenter d’autres modes d’être au monde. Haraway propose que le cyborg soit une méthode politique féministe, une fiction qui peut changer l’expérience que nous avons de nos existences, et particulièrement l’existence des femmes. C’est par la connaissance de la miniaturisation, de la microtechnologie que les femmes pourront être capables de re-coder leurs corps comme elles le veulent, d’échapper aux regards normatifs. Le cyborg invite à dés-organiser les corps, les réaménager en les couplant aux technologies. Les « sorcières » et les « ingénieurs » travailleraient alors ensemble pour fonder un monde aux nouvelles potentialités. → Lire les notes de la présentation.
Jour 4 : Marionnette et muséographie
Cette journée est pilotée par Aurélie Rezzouk. Voilà la bibliographie suggérée :
- Dubé Philippe, « Le musée dans ses états gazeux, vu sous l’angle de deux concepts : muséalité et communalité », revue Sociétés 2011/4, n°114, p. 79-93.
- Fleury Raphaèle, « La mémoire de la technique du mouvement », actes du colloque « la marionnette : objets d’histoire, œuvre d’art, objet de civilisation ? » (inédit)
- Mouton Rezzouk Aurélie, « Remédiations. Le Spectacle dans l’exposition, un art de la manipulation », conférence à New York, 2014 (inédit).
- Mouton Rezzouk Aurélie, « Introduction : Exposer le théâtre ? », « Chapitre 2 : L’Objet de théâtre ? », thèse de doctorat Exposer le théâtre. De la scène à la vitrine, soutenue à l’Université Paris-Sorbonne, le 11/11/2013.
- Mouton Rezzouk Aurélie, « Penser la marionnette », JE Marionnettes : ce qui fait répertoire, ce qui fait collection, Amiens, 21/03/2014. (inédit)
Jour 5 : La Jeune fille aux mains coupées
Cette journée est pilotée par Raffaella Gardon et Shirley Niclais.
Le dernier jour de la résidence a ouvert la voie aux premières expérimentations pratiques du projet porté par Raffaella Gardon « La jeune fille aux mains coupées ou je me recompose (différemment) ». Dans les locaux de l’ESNAM, Raffaella Gardon, Shirley Niclais (dramaturge du projet), rejointes par Shérazade Ferraj, élève de la nouvelle promotion de l’école, initient les premiers essais de manipulation de Chrysocolle, la marionnette fraîchement conçue qui sera mise en jeu. « Cette marionnette ‘portée-habillée’ est une sorte d’armure ou de coquille. La manipulatrice est liée à la marionnette qui est attachée à sa robe, les pieds scratchés sur ses chaussons, la tête reliée par des fils à sa propre tête. (…) Première étape : découverte du fonctionnement tête manipulatrice-tête marionnette. Si le mouvement part de la tête, il doit être suivi et soutenu par le torse de la manipulatrice pour un mouvement clair scéniquement. (…) Nous notons également quelques modifications techniques à apporter à la marionnette encore difficile à manier: – la jambe droite fonctionne mieux car elle est plus longue, il faudra donc rallonger la gauche – ouvrir la robe dans le dos jusqu’en bas – ajouter des rotules pour éviter que les jambes ne se plient à l’envers, lorsque Chrysocolle est en mouvement (marcher, s’asseoir etc…). (…) Raphaèle Fleury nous a fait découvrir les Otomé bunraku japonaises que notre dispositif de manipulation lui rappelle. Cette version féminine du bunraku, dont l’unique manipulatrice dirige en partie son pantin à l’aide de fils qui relie leurs deux têtes, nous était tout à fait inconnue. A la fin de l’atelier, nous avons évoqué l’esthétique singulière de notre poupée de tissu dont les coutures sont apparentes. Cela rappelle le squelette, les côtes, et la vulnérabilité de ce personnage en cours de construction. Anaëlle a alors évoqué le ‘Moi-peau’ de Didier Anzieu ».
Une restitution de cette résidence et sa mise en perspective aura lieu le jeudi 26 mars à 16h, lors du colloque international « La Scène philosophique du théâtre de marionnettes« , dont le Labo LAPS est partenaire.
16h00 – Table ronde : « Les investigations du Labo LAPS à Charleville-Mézières : penser la marionnette en philosophes » : Flore Garcin-Marrou, Hélène Beauchamp, Noémie Lorentz, Anaëlle Impe, Eloi Recoing