Compte-rendu n°1 de la résidence « La Jeune fille aux mains coupées »

Conte, oralité, objet/marionnette et vidéo : voici les mots-clefs autour desquels s’est construite la résidence accordée au LAPS par La NEF-Manufacture d’Utopie les 25 et 26 avril derniers. Autour des principaux enjeux de la création du spectacle La Jeune Fille aux mains coupées ou je me recompose (différemment), porté par Raffaella Gardon (LAPS) et Shirley Niclais (LAPS), le travail au plateau associé aux féconds retours des membres présents ont permis de poser les premiers jalons d’un travail pluridisciplinaire et ambitieux, comme d’en penser les questions qui en découlent.

Si les deux jours de résidence ont été l’occasion de revenir sur les problématiques soulevées lors des précédentes rencontres de recherche-création du Labo LAPS « Penser la marionnette » à l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières (IIM), c’est en particulier dans l’interaction entre texte(s) et présence(s) de la marionnette que le travail s’est révélé le plus pertinent. Nous avons donc questionné l’entrée en scène de la marionnette. Comment faire entrer une marionnette sur un plateau de théâtre ? Comment la faire interagir avec un acteur de chair ? Comment y articuler un univers textuel ou la présence de la vidéo ? Pour la première fois depuis la mise en route du projet, le plateau a pu bénéficier de la contribution de Nicolas Rollet, auteur des textes autour desquels le spectacle se construit.

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Que faire du matériau « conte » ? Comment s’en saisir à l’époque contemporaine ?  Comment le transposer au plateau et l’accorder à la puissance symbolique de la marionnette ? Le conte est avant tout l’objet d’une mémoire collective, d’une transmission orale qui s’offre la possibilité de s’ouvrir à de multiples interprétations et de multiples adaptations. C’est un matériau vivant. Ce sont des voix qui s’élèvent et racontent.

Nécessité de l’oral contre celle de l’écrit, nous réaffirmons notre parti-pris vis-à-vis des origines médiévales du conte de Grimm, de la liberté indissociable à l’esthétique du conte, au-delà de l’adaptation ou de la réécriture. Transposé dans un monde qui pourrait être le nôtre, le texte de notre Jeune Fille aux mains coupées en raconte l’histoire, ou plutôt une histoire,  tout en se faisant créateur de l’espace de la fiction et des sensations qui en émergent. L’écriture de Nicolas Rollet, tout à la fois riche, complexe, plastique et très sensible a pu s’emparer du plateau. Nous avons cherché à nous saisir de cette plasticité pour que s’opère, par l’oralité d’abord, la présentation de cette créature de fiction : la marionnette. La logorrhée habitée rencontre alors la pâle et muette marionnette, coquille vide d’un être qui devra se défaire de sa condition d’objet manipulé et de situation narrée par une autre voix que la sienne propre. La voix, alors, défie cette présence pourtant spectaculaire de la marionnette portée. Cette dernière, d’abord soumise à la voix d’un autre devra donc, au fil des séquences, rencontrer les corps vivants du conte et cohabiter avec l’image vidéo, temple de son imaginaire, pour que peu à peu se recompose (différemment) son sujet : un sujet dansant, vivant. C’est notre histoire de La Jeune Fille aux mains coupées.

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L’équipe (Raffaella Gardon – metteur en scène et porteuse de projet, Shirley Niclais – dramaturge et marionnettiste, Nora Lesne – factrice de marionnette, Nicolas Rollet – auteur, et Mathieu Hery – régisseur vidéo) tient à remercier très chaleureusement Jean-Louis Heckel et son équipe pour leur accueil bienveillant et leurs conseils précieux. Un grand merci aux participations éclairantes de Flore Garcin-Marrou (LAPS), Noémie Lorentz (LAPS) et Anaëlle Impe (LAPS) et au talent d’Arnaud Carbonnier (LAPS).


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